Island/ish, 28.11.18 - 08.01.19
curated by Emmanuel Lambion

Marta Colombo, Joachim Coucke, Aurore Dal Mas, Peter de Cupere, João Freias, Alice Pedroletti, Elise Peroi, Richard Venlet, Pietro Weber

Istituto Italiano di Cultura, Brussels, Belgium

Exhibition view, Island/ish, 28.11.18 - 08.01.19, Istituto Italiano di Cultura, Brussels, Belgium | © Aurore Dal Mas

Untitled (La gazetta dello sport), 2018 — Pencil, newspaper — 78 x 53 cm
Untitled (Corriere della Sera), 2018 — Pencil, newspaper — 62 x 45 cm

Untitled (Italia Oggi), 2018 — Pencil, newspaper — 50 x 36 cm

Notes on Comacina, 2017 — Paper, residues, wood, glass — 36 x 25 x 5 cm (each)

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L’île Comacina est également, dans une approche directement physique, au coeur de la pro- position de João Freitas, artiste luxembourgeois qui vit à Bruxelles.

Le travail de João Freitas est en effet imprégné de la notion même d’empreinte, avec un pro- cessus de création oscillant de façon dialectique entre le laisser-faire de l’accident, de l’imprévu et du hasard et la répétition d’un geste délibéré et patient, mettant à l’épreuve les capacités de résistance physique et d’expressivité plastique des matériaux qu’il utilise. Si le concept de des- truction et d’usure sont au cœur de son geste créatif, c’est toujours dans une optique de transfor- mation et de récréation de la matière, en en exacerbant les potentialités plastiques.

Cette dualité d’approche est particulièrement sensible dans les deux œuvres que nous avons retenues pour l’exposition: la première réalisée sur (ou par) l’île consiste en une série de 23 « des-

sins » ou empreintes fortuites dont l’auteur serait en quelque sorte Comacina elle-même. De fait, à fréquence quotidienne, tout au long de sa résidence, João s’est employé à déposer une feuille de papier A4 dans une mare d’eau stagnante qu’il avait repérée sur l’île, qu’il remplaçait le jour suivant. Chacun de ces dessins accidentels porte ainsi de façon singulière les traces, au gré des précipitations, de la vie hygrométrique de l’île, de ses substrats minéraux ainsi que de son biotope végétal.

À l’opposé de cette œuvre marquée par une délégation absolue du geste créatif, les deux dessins expriment l’implication absolue du geste et du corps de l’artiste sur le support de l’oeuvre. À la lettre, il s’agit de deux journaux italiens (l’un sportif, La Gazzetta dello Sport, l’autre financier, Italia Oggi) presque entièrement (à l’exception d’un subtil liséré formant une sorte d’encadre- ment) oblitérés par l’application bénédictine de graphite.

Au-delà de la fascination exercée par ce geste simple et répétitif quasi-performatif qui exalte la résistance et transforme l’apparence du support, on ne peut s’empêcher d’y voir également la métaphorisation d’une critique de l’actualité véhiculée et communiquée par ces media papier.

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Emmanuel Lambion